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L’Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech et Aviation Sans Frontières Belgique appuient African Parks et le gouvernement du Tchad dans l’inventaire aérien photographique du Grand Ecosystème Fonctionnel de Zakouma et du Paysage Aouk-Keïta

29 avril 2024

Depuis le 18 mars et jusqu’à la mi-mai 2024 une campagne d’inventaires aériens de grande ampleur se déroule au sud-est du Tchad, au niveau du Grand Ecosystème Fonctionnel de Zakouma (GEFZ) et du Paysage Aouk-Keïta (PAK). Plus de 150 heures de vol en Cessna 206 sont planifiées, pour estimer la taille des populations de grands herbivores, tels que les éléphants, girafes, buffles et antilopes, mais également les pressions humaines.

L’inventaire aérien applique les standards du programme « Monitoring the Illegal Killing of Elephants » (MIKE), de la Convention sur le commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

En plus des méthodes traditionnelles d’inventaire aérien de la faune, cet inventaire teste, en parallèle, de nouvelles méthodes d’inventaire aérien photographique, avec analyse des données par l’algorithme d’intelligence artificielle développé au niveau de l’Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech.

©Xavier Vincke

Au niveau du Parc national de Zakouma, d’une superficie de 3.060 km², l’inventaire consiste en un comptage total (total count) sur 100% du Parc, ce qui représente un défi technique et une première en termes d’inventaire photographique.

A l’est du Parc, un comptage sur échantillon (sample count) est également réalisé. Ce type d’inventaire est plus propice aux inventaires photographiques, car la zone couverte par les appareils photo est de dimension plus réduite.

Durant ce comptage sur échantillon à l’est du Parc, une acquisition d’image satellite à très haute résolution spatiale, de type Pléiades Neo, a également réalisée, dans le cadre d’un accord de coopération entre Aviation Sans Frontières Belgique et la Fondation Airbus. L’enjeu est de tester les potentialités des inventaires de faune à partir d’images satellite, en s’appuyant sur les photographies aériennes.

L’inventaire sur le reste du Grand Ecosystème Fonctionnel de Zakouma (28.162 km²) et le Paysage Aouk-Keïta (38.757 km²) est également un comptage sur échantillon.

©Xavier Vincke

L'inventaire aérien, notamment le comptage total, est un outil utilisé par les gestionnaires du Parc national de Zakouma, presque tous les deux ans depuis 2005 pour surveiller la faune du Parc. C’est un baromètre de l’efficacité de gestion du parc, permettant d’évaluer la santé et la résilience de l'écosystème, ainsi que l'efficacité des mesures de gestion mises en œuvre pour le protéger. Il est remarquablement unique, surtout en Afrique centrale, d'avoir un ensemble de données aussi complet et sur une période aussi longue.

L’enjeu de cet inventaire mixte (observateurs et photo) est de comparer, d’une part, l’efficacité des inventaires avec observateurs embarqués et inventaires photographiques, mais également, potentiellement, de comparer l’efficacité du comptage sur échantillon (sample count) avec le comptage total (total count) à l’est du Parc national de Zakouma.

©Xavier Vincke

African Parks a pour objectif de garder un regard critique sur les méthodes et approches employées afin d'optimiser le suivi aérien de la faune sauvage et domestique, et d'assurer une continuité avec les inventaires passés. En effet, plus encore que les valeurs absolues, ce sont les tendances qui demeurent les informations les plus précieuses pour les gestionnaires du Parc. Ainsi, African Parks prévoit de répéter les inventaires mixtes traditionnels et photographiques sur plusieurs années afin d'assurer un chevauchement des résultats produits par les différentes approches. Ces recherches sur les méthodes innovantes de suivi de la faune à grande échelle, utilisant des images aériennes et satellites, représentent le cœur du partenariat entre African Parks et l’Université de Liège – Gembloux Agro-Bio Tech depuis 2021.

Le Grand Ecosystème Fonctionnel de Zakouma (GEFZ) comprend trois aires protégées avec des statuts différents. Il s’agit du Parc national de Zakouma, de la Réserve de Faune du Bahr Salamat, et du Parc national de Siniaka Minia nouvellement créé. Le GEFZ abrite la dernière migration de la grande faune (éléphants, lions, grandes antilopes, girafes, autruches) dans la zone éco-climatique soudano-sahélienne.

©Xavier Vincke

En 2010, African Parks, en partenariat avec le Gouvernement du Tchad, a pris en charge la gestion du Parc national de Zakouma, d’une superficie de 3.060 km². Les forces d’application de la loi ont été réorganisées et l’accent a été mis sur le travail en étroite collaboration avec les communautés locales pour protéger le Parc. Le Parc a connu une restauration remarquable après des dizaines d’années de braconnage qui menaçait son existence même. Depuis plusieurs années pas un seul éléphant n'a été tué par les braconniers. Alors qu’en mars 2011 il n'y en avait eu qu'un seul éléphanteau né dans le Parc, 127 éléphanteaux âgés de moins de trois ans ont été dénombrés lors de l’inventaire aérien de en 2018, signe d’une excellente santé de la population d’éléphants.

En 2017, suite au succès du partenariat avec African Parks au niveau du parc national Zakouma, le gouvernement du Tchad a invité African Parks à gérer la Réserve de faune de Siniaka Minia, ainsi que la Réserve de faune de Bahr Salamat et les corridors fauniques adjacents, intégrant ainsi l'ensemble des 28.162 km² de l'écosystème du GEFZ dans ce nouveau mandat.

Le projet Aouk intervenant sur le Paysage Aouk-Keïta, 38.757 km², au sud-est du Tchad, initié par African Parks en 2020, a pour objectif de restaurer et développer, au travers d’instruments légaux et traditionnels, les processus et services écosystémiques qui soutiennent à la fois la biodiversité et les populations locales au sein de ce vaste paysage frontalier avec la République centrafricaine.